RPG France au TGS 2013
par all_zebest 23 Sep 2013 09:00 17

Cette année encore, nous avons envoyé notre compère Zebest faire le voyage à Kaihin Makuhari, bravant la chaleur et la surpopulation, pour qu'il nous rapporte ses impressions "à chaud" (c'est le cas de le dire) sur le Tôkyô Game Show 東京ゲームショー (TGS). Cette année, c'est une presque réussite qu'il nous présente, riche en jeux, mais pauvre en RPG occidentaux. Pavé d'un récit plein de digressions d'un marathon éreintant.
Pour vous, chers lecteurs, j'ai fait le long voyage jusqu'à Kaihin Makuhari 海浜幕張, charmante vouelle ville gagnée sur la mer avec ses magnifiques plages artificielles, ses gratte-ciels huppés et ses centres commerciaux de luxe. En temps normal, j'en aurais eu pour 38 minutes depuis chez moi, mais là, cela m'a pris une heure : samedi oblige, les trains étant plus rares et comblés, à la surprise des habitués de la ligne, plutôt peu fréquentée en temps normal.
Bref, après un repas au restaurant italien local, j'arrive au Mes'sé, la grande halle de foires. Pour vous donner une idée, c'est à peu près au moins neuf fois la halle Tony Garnier de Lyon. Le TGS était divisé entre les 9 halles du Mes'sé en quatre espaces ouverts : 1, 2 et 3, puis 4, 5 et 6, ensuite 7 et 8, enfin 9 qui était réservé à Konami, Bandai, Namco, aux jeux pour enfants, aux cosplay et aux jeux indépendants. De 1 à 8, on ne trouvait aucune thématique particulière.
Alors comme dit dans l'introduction, je commence par la mauvaise nouvelle : il y a peu à se mettre sous la dent en matière de RPG occidental. Ceci étant, tout le reste était délectable pour le gamer que je suis qui ne joue pas qu'à des RPG. Je n'entrerai donc pas dans les détails concernant les grandes licences, la presse jeux vidéo généraliste s'en sort très bien. Je préfère vous donner mon ressenti personnel et mes coups de coeur, qui valent ce qu'ils valent, mais qui ont peut-être le mérite de l'originalité.
Je passe donc sur les gros jeux non RPG : Wolfenstein et Psycho Break de Bethesda, le dernier Need for Speed et autres FIFA 14, Sengoku Musô... J'ajoute en passant que je m'étonne de la campagne de promo hollywoodienne pour Battlefield 4, avec quatre voitures, un char d'assaut et un bus, sans compter le personnel dont des comédiens déguisés en soldats. Si le public s'amusait des déguisements, il était complètement indifférent au jeu. Je m'étonne encore plus du succès ahurissant, délirant même, de World of Tanks, le jeu russe en ligne, avec des gens tout excités faisant la queue pendant une heure et tantôt médusés, tantôt ivres de joie, devant la démonstration sur écran géant qui était faite.
Comme l'année dernière, Nintendo n'était pas directement représenté, contrairement à Sony, avec le plus grand stand du TGS, suivi, dans l'ordre, par Gree, Microsoft, Sega, Namco-Bandai et Gungho Online Entertainement (Pazudora Z 「パズドラZ」/Puzzle & Dragons Z) pour m'en tenir au peloton de tête des grosses compagnies. Cette année, Gree a attiré moins de visiteurs. Il faut dire qu'on peut se lasser un peu vite de ses jeux pour téléphones et tablettes, dont des JRPG par cartes à collectionner. A noter la présentation d'un AKB48 Stage Fighter, labellé comme un RPG... Dans le genre JRPG en ligne free to play fauché, je citerai Brave Lagoon de ZZYZX (Zaizakkusu).
Globalement, j'ai bien eu l'impression qu'à part un très petit nombre de jeux (World of Tanks qui sort grand gagnant de ce TGS, dans une moindre mesure GTA V et certains titres Microsoft), le public japonais était essentiellement intéressé par les titres de son pays, peu importe leur "retard technologique" de plus en plus évident, et pas gênant pour s'amuser.
Sony a donc fait très fort, avec un stand luxueux, sonorisé comme une boîte de nuit, avec des inteviews de personnalités comme Jonathan Morin, le directeur créatif de Watch Dogs (cf. photo), de nombreux espaces où l'on pouvait jouer sans faire la queue aussi longtemps que l'année dernière, assis à côté d'une - jolie - hôtesse. La PS Vita TV était présentée et j'ai été séduit. Le résultat est très net sur grand écran, et les services sont déjà prêts et fonctionnels. Il y a de quoi faire avec les anciens jeux téléchargeables, dont de nombreux JRPG de PS1 et PSP. La PS4 était discrètement présentée, mais les joueurs étaient plus intéressés par les jeux (Soul Sacrifice sur PS Vita TV ou God Eater 2), que par les machines. Notons la présence discrète de la suite du JRPG culte en costumes, Ore no shikabane wo koeteyuke ! 2 「俺の屍を越えてゆけ2」, dont l'action se déroule sur plusieurs générations.
Peu de visiteurs étrangers cette année, essentiellement des Français, des Américains et des Taiwannais. Du côté des exposants, contrairement à l'année dernière, on était très agréablement surpris.
Au milieu d'une tripotée d'écoles spécialisées japonaises, notamment la Tôkyô komynikêshon âto senmon gakkô 東京コミュニケーション専門学校 (TCA) et ses splendides personnages et décors de JRPG (cf. photo), la France était représentée par une école de jeu vidéo, Supinfogame, située à Valenciennes. L'équipe de la directrice Laure Casalini, composée d'étudiants, présentait deux travaux de fin d'étude des cinquième année, le cursus se faisant en cinq ans comme un master. Ils m'ont présenté leur école, leurs formations, m'ont fait essayer un des jeux et ont accepté de répondre à mes questions. Le premier de leurs deux prototypes de jeux, Serendipity (cf. photo) était un nouveau concept pour PS Move et Wii. Présenté sur cette dernière machine, c'était un jeu dans lequel on devait déplacer une boule lumineuse et la faire passer par les points déterminés d'un parcours en 3D avec une maniabilité précise, mais inédite, par rapport à ce que j'avais pu voir avant. Le rendu était extrêmement conceptuel et esthétique. Le deuxième jeu était un jeu de combat d'avions en 3D cell-shadée du plus bel aspect, très arcade et de type "MOBA". Les étudiants avaient la chance de faire un stage d'un mois dans une école japonaise partenaire, représentée à côté. Supinfogame, avec ce qu'elle présentait comme travaux de fin d'étude et le professionnalisme de ses étudiants - qui m'ont dit apprendre aussi à faire des RPG ! - m'a montré le haut niveau et l'originalité souveraine des établissements de notre pays. C'est, je trouve, une belle note d'espoir.
J'ai également trouvé un stand tenu par deux entreprises suisses dont l'une, apelab présentait un film d'animation dans lequel le spectateur contrôle le point de vue de la caméra grâce à l'accéléromètre de la tablette sur laquelle il est diffusé, puis Faceshift, un logiciel de reconnaissance faciale destiné aux professionnels, et compatible avec Maya, Cinema4D, Motion Builder, Blender, Softimage et Unity. J'ai pu l'essayer, et ça marche ! Il est tout à fait utilisable pour la création de RPG, m'a soutenu le responsable. Cinq entreprises réunies sous la bannière Swiss Games, présentaient Moonga, Cannon Crasha, Gbangba Famiglia II et Bumble Bee, des RPG cartoon.
Pour ce qui est des autres étrangers, à part Microsoft (qui présentait Fable Anniversary) et Dice (Battlefield 4), il y avait essentiellement des Taiwannais, dont le grand stand n'attirait personne, bien qu'il fut, cette fois, muni de personnel. Mais il y avait aussi de nombreux petits stands asiatiques - indonésiens, malais, laosiens, etc. - un studio vénézuélien venu présenter un mini jeu pas convainquant sur tablette et un studio israélien, Nordau Creative - aux très jolies employées - qui présentait Kazooloo, un jeu de tir (répétitif) sur des dragons en réalité augmentée pour smartphones et tablettes. A titre de coup de coeur, je me dois de vous présenter le plus gros jeu de Thailande, Aeterno Blade, sur 3DS, un Castlevania qui rappelle beaucoup Claymore sur DS, mais en beauuuuucoup plus beau ! L'héroïne, sublime dans son armure complète - ici, pas d'indécence et c'est très bien aussi - avance en scrolling horizontal et tranche dans le tas des méchants. Des énigmes sont présentées et on doit les résoudre en manipulant le temps, un peu comme dans Braid. Le jeu comprendra aussi des éléments de RPG : inventaire et montée de niveau. Le scénario est travaillé, avec de nombreux dialogues et cutscenes et visuellement, c'est très artistique et plein d'effets. Je doute qu'on ait le choix dans les dialogues, mais ça a le mérite d'étoffer l'univers. Ce jeu m'a tellement plu que j'ai même proposé de le traduire, c'est vous dire.
Côté matériel, Goron présentait des coussins-tables permettant de jouer couché, très pratique pour les personnes handicapées ou à mobilité réduite, notamment. Une autre entreprise, SPEC, présentait le Super Gamer ole(TM), une tablette Android "gamer" munie d'une croix directionnelle et de boutons, tous paramétrables. Cela va faire de la concurrence à la Razer Edge Pro et autres Archos Gamepad Ludo G10 ou Gametab-One de Bigben.
Concernant les JRPG, j'ai pu voir les derniers Final Fantasy les XIV et XV, ainsi que les remakes HD du X et du X-2 de Square-Enix, le dernier Dragon Quest et je suis malheureusement passé devant Drag'On Dragoon 3 sans le voir.
Ensuite, mon développeur-éditeur de prédilection, Falcom, mettait en valeur le dernier en date de la série Eiyû densetsu / The Legend of Heroes : Sen no kiseki「閃の軌跡」. Ce stand, pas si grand que cela, était extrêmement bien organisé, avec une scène sur laquelle son groupe musical JDK a fait plusieurs lives fort attendus par une poignée de fans. Il faut dire que dans mon cas, j'achète les jeux Falcom rien que pour la musique. Les jeux étant bons, ils font office de bonus à la musique, en quelque sorte. Le fan service était présent avec des hôtesses déguisées et une distribution de sacs et de fascicules remplis d'informations, de dessins et d'interviews.
(La seconde photo provient de la la page Facebook officielle)
Par rapport à l'année dernière, l'édition de cette année a été marquée par la présence de nombreux studios indépendants, avec notamment une ligne de postes de jeux fabriqués avec Unity et particulièrement alléchants : les derniers Tôhô 東方 (Touhou pour ceux qui ne parlent pas japonais) : Double Dealing Character (un shoot) et Hopeless Macarade (un jeu de baston en 2D), deux autres shoot them ups : l'un, ∀kashicverse -Malicious Wake-, de type danmaku et l'autre, Astabreed, d'Edelweiss, en 3D avec des phases en scrolling horizontal et d'autres vertical, Yatagarasu, un jeu de combat en 2D type Saturn voire Dreamcast de toute beauté, et d'autres titres moins intéressants de tous genres.
Onipunks présentait C-Wars, son jeu de combats tactiques typé "manga" en pixel art avec éléments RPG, victorieux dans sa campagne Kickstarter. Ambiance spaciale et surarmement au programme pour ce rogue-like aux combats en temps réel dynamiques et très pensés.
Mentionnons aussi le petit jeu Hero Emblems, pour tablettes Apple et iPhone, de HeatPot Games. C'est un mélange de jeu de puzzle et de JRPG avec des personnages tout mimi.
J'ai également vu La Mulana 2, de Nigoro (cf. photo plus haut), qui a l'air aussi prometteur que son prédécesseur et son rival Cave Story +. Implosion, de Rayark, un beat them all sur Android avec des éléments de hack'n slash. Très beau, avec des personnages robots à la Armored Core et des combats à l'épée.
Enfin, parlons brièvement des grosses productions de JRPG.
Sega en remettait une couche - bienvenue - avec Phantasy Star Online 2 à l'occasion de la sortie de la PS Vita TV sur laquelle il rendait très bien et teasait sur Phantasy Star Nova, à paraître sur PS Vita. Plus surprenant et assez enthousiasmant, l'annonce d'un cross-over avec Falcom de Samurai & Dragons et Sen no kiseki (cf. photo).
Namco-Bandai présentait le Tales of Symphonia Unisonant Pack pour PS3, Magi : arata naru sekai「マギ新たなる世界」d'après un manga "mille-et-une-nuits" dont le héros est pourvu d'un flutte que je trouve ambigüe (vous me direz votre sentiment). D'autres pseudo-RPG avec ses super robots complétaient leur offre de JRPG.
Notons l'anecdotique Eiyû senki「英雄戦姫」("Héroïques princesses guerrières"), jeu de stratégie-RPG dans lequel les plus grands héros historiques du monde, toutes époques confondues, sont présents et remplacés par des jeunes filles court vêtues, à part la japonaise Himiko 卑弥呼 qui n'a pas eu à changer de sexe. Seul le héros incarné par le joueur est masculin. Mais qu'est-il arrivé à Alexandre le Grand qui se trouve affublé de cornes de bouc ?! Sacrilège ! Petit jeu : saurez-vous trouver qui est qui sur la page mise en lien ci-dessus ? Que ceux qui lisent le japonais laissent les autres deviner.
Arc System Works présentait aussi deux jeux labellés "RPG" : Getsuei gakuen -kou-「月英学園-kou-」sur PS Vita, proche du visual novel lycéen fantastique et Hoshibako no Amazones「星箱のアマゾネス」, dont on n'a pour l'instant que très peu d'informations. Il semble plus "moe"...
A titre anecdotique, l'équipe marketing du MMORPG Tera distribuait aussi des cartes prépayées dans l'indifférence générale.
Pour terminer, un coup de griffe à Capcom dont le personnel pléthorique était sur les dents, obsédé par la libération du passage et l'interdiction de faires des photos depuis certains points (?). Du coup, je passerai sur leurs deux "RPG" présentés : Otorenjâ et Monster Hunter Smart.
Je vous laisse sur ces photos anthropologiques de cosplayeurs et de babes faites dans le respect de la population d'accueil et du droit des femmes.
"Je m'en vais comme un prince".

Pour conclure, le TGS, c'est un événement qui fait (re-) aimer le Japon : l'aspect autre monde, avec ses filles hyper sexy et son public tantôt indifférent, tantôt otaku, l'impression d'être dans un immense magasin de jeux ou de jouets ou les deux et que dans ce pays comme dénué de bon sens, tout est follement possible.
Commentaires (17)


Et malgré le gouffre qui sépare nos deux mondes, on est tout autant sensibles au charme des babesJe trouve ça d'une beauferie sans nom, mais bon fais toi plaiz...![]()

Hormis la sauce Hentaï du salon, j'ai l'impression que le Japon ne mise toujours pas grand chose à l’international questions jeux vidéos.
Ils n'ont pas beaucoup de Dark Souls à proposer. Ne semblent pas avoir décidés de prendre un virage "à l'occidental". N'ont pas vraiment de belles licences typiques Japonaise dans le cru mais que l'ont pourrait apprécier (beath them all/ J.rpg).
Et toujours réfractaires au support PC.
Ca donne l'impression qu'ils essaient juste de survivre en local.

Après les babes, c'est toujours beau à regarder mais elles ne sont pas frileuse les japonaises...

Allez savoir pourquoi


Des choses étonnantes, comme Dice et EA qui sortent la grosse artillerie (humour quand tu nous tiens...) pour un marché tout-à-fait anecdotique pour ce jeu.

Aujourd'hui, Nintendo est dans sa bulle et ne fait que recyclé ces licences phares, Square ne fait plus rien de bien en comparaison de ce qu'ils ont pu faire auparavant, les seuls bons jeux sont fait par leur branche occidentale qu'ils dénigres ensuite, Sega je ne sais même pas si ils ont toujours des licences a eux qui circules et Namco Bandai est principalement un éditeur.
C'est assez triste car les japonais sont capables de faire de bons jeux mais ils peinent à évoluer et innover.
Ce n'est que mon avis et j'espère me tromper mais pour le moment je trouve ça vraiment dommage.
Edit : Ah et merci pour ce compte rendu aussi ^^ et pour les babes je ne sais pas si le TGS est dans la même optique d'en réduire le nombre jusqu'à les supprimer comme l'E3 mais ce ne serait pas une mauvaise idée.
Message édité pour la dernière fois le : 24/09/2013 à 00:28

les japonais produisent et mangent japonais.
donc ils produisent des jeux faits dans leurs studios destinés à un publique japonais et c'est bonus si ça s'exporte ...
et les japonais ne sont pas très curieux ... donc si ça ne passe pas à la télé, ils ne connaissent pas.
mais c'est sympa de voir comment d'autre pays tentent l'aventure et voir les des jolies filles :)

Et puis, si le fond du salon est pauvre pour nous, autant nous montrer ses formes.

Mais le TGS, en tant qu'événement, est très agréable !

Le TGS ne me fait clairement plus rêver... Dommage...
Trop de MMO, de F2P et de mobile...
Et puis le truc pour jouer au lit en position foetale...


Comme vous l'avez vu, mes coups de coeur vont vers les indépendants
Je savais pas qu'on pouvait mettre les mots -indépendant- et -TGS- dans une même phrase :)
